Auteur : David VANN
Traducteur : Laura DERAJINSKI
Editeur : Gallmeister
Collection : Nature Writing
Drame psychologique - Nature Writing - Mariage - Famille - Alaska -
Pages : 304
Parution : Août 2011
Sur les rives d'un lac glaciaire au coeur de la péninsule de Kenai, en Alaska, Irene et Gary ont construit leur vie, élevé deux enfants aujourd'hui adultes. Mais après trente années d'une vie sans éclat, Gary est déterminé à bâtir sur un îlot désolé la cabane dont il a toujours rêvé. Irene se résout à l'accompagner en dépit des inexplicables maux de tête qui l'assaillent et ne lui laissent aucun répit. Entraînée malgré elle dans l'obsession de son mari, elle le voit peu à peu s'enliser dans ce projet démesuré. Leur fille Rhoda, toute à ses propres rêves de vie de famille, devient le témoin du face-à-face de ses parents, tandis que s'annonce un hiver précoce et violent qui rendra l'îlot encore plus inaccessible. Après Sukkwan Island, couronné par le Prix Médicis 2010, le second roman de David Vann est une oeuvre magistrale sur l'amour et la solitude. Désolations confirme le talent infini de son auteur à explorer les faiblesses et les vérités de l'âme humaine.
Alaska, en ses territoires hostiles, Gary n’a qu’une seule envie, y construire une cabane en rondins de bois sur un terrain qu’il a acheté voilà quelques années dans l’intention d’y construire sa cabane de bois tant rêvée depuis si longtemps. Cette parcelle de terre se trouve sur une île. Une île totalement déserte et qui se trouve sur les rives d’un lac glaciaire.
Cette construction est pour Gary un aboutissement de sa vie, et c’est son rêve depuis maintenant plus de 30 ans. Le rêve de vivre sur un lopin de terre, dans une cabane de bois construite par lui-même et très spartiate. Juste de quoi y vivre en pêchant, chassant et bâtir. Une sorte de vie de pionnier.
Oui mais il n’a jamais pu l’accomplir auparavant. Pour Gary, cela n’a pas pu se conclure à cause de son mariage. A cause de sa femme, Irène. Pour lui cela a été comme un devoir de se marier, puis il a fondé une famille. Alors ce projet de construction s’est mis au point 0 dans la tête de Gary mais ne l'a jamais lâché et a cependant pris plus de poids au fur et à mesure des années et surtout devenait pour Gary un regret.
Les enfants sont devenus adultes, et son couple est en péril, Gary aimerait quitter sa femme. Il espère d’ailleurs au fond de lui-même que celle-ci parte de par elle-même. Il n’attend que ça.
Alors le fait de tout quitter et partir sur une terre éloignée de tout pour y construire une cabane de bois et y vivre de façon très sommaire va peut-être faire aller plus vite cette intention de Gary que la famille éclate en mille morceaux.
C’est du vice au fond de lui et il ne pense qu’a lui, un certain orgueil.
Oui mais Gary n’a, comme d’habitude d’ailleurs, pas du tout fait de plan ni prévu quoi que ce soit pour que son projet soit mener à bien. Son rêve, son projet de bâtir cette cabane de bois, minuscule aux yeux d’Irène son épouse, va peu à peu s’enliser et va totalement emporter la famille dans leurs aliénations régulières.
Irène fait preuve d’une certaine volonté pour cette construction à entreprendre, s’associe à la construction malgré ce froid intense et les conditions spartiates et difficiles sur ce lopin de terre en bordure d’eau sur l’île.
Mais très vite Irène est prise de terribles maux de tête excessivement forts. Elle devra garder le lit face à ces douleurs qui l’assaillent. Gary continuera les travaux seuls et ne tardera pas à faire des reproches à Irène.
Lorsque ses maux de tête le lui permettent, Irène prend sur elle et décide d’apporter mains fortes à son mari malgré des douleurs immenses. C’est alors, qu’elle s’aperçoit que Gary, en plein dans son obsession, n’a vraiment rien prévu pour ce projet et que tout ce qu’il a entamé n’est ni fait ni à faire…et pour elle ce projet va certainement peu à peu s’enliser. Comme leur couple d'ailleurs. Elle tente parfois de faire comprendre tout ceci à Gary mais il ne l’écoute pas et continue ses reproches envers elle. Et pendant ce temps, les maux de tête d'Irène augmentent.
De leurs deux enfants, il n’y a que Rhoda qui s’inquiète face aux douleurs de sa mère. Elle s’inquiète aussi face au couple en péril de ses parents. Elle est la seule à s’apercevoir que ce couple est en train de s’amenuiser. Son frère lui, ne voit rien. Il est parfois trop shooté pour cela. Mais Rhoda, elle, sera le témoin de l’enlisement du couple et des risques de cette construction. Au péril aussi, certainement, de mettre son propre couple en péril. Pourtant elle s’était fait le rêve de fonder elle-aussi une belle famille.
L’hiver glacial qui s’installe plus tôt que prévu sera lui aussi le témoin de ces effondrements…
Un petit peu déroutée après cette lecture...
Du même auteur, j’avais aimé Sukkwan Island, le déroulement surprenant, le rythme de l’histoire, les lieux très bien décrits.
Ici, on a toujours une description des lieux remarquables. C’est un milieu différent de Sukkwan Island ; des contrées rebelles, des éléments climatiques en furie tel le vent qui est violent et incessant tout au long de l’histoire. Mais on imagine ces lieux sombres, tristes, mornes. Oui c’est le mot qui me fait penser à ces lieux mais aussi un peu à l’histoire…
En plus de cela, cet îlot paraît particulier avec un lac glaciaire qui l’entoure, des ours qui rôdent dans le coin, des terres à l’état sauvage et inhabitées… Du coup, l’atmosphère est pesante et on a une impression d’enfermement malgré ces contrées sauvages.
En plus de cela, l’histoire de ce couple en péril et de la folie qui l’empare rajoute encore plus d’angoisse et d’impression de malaise. J’ai trouvé ça très bizarre.
Le roman n'aborde pas seulement l’histoire de ce couple en péril entre Gary et Irène mais également la vie en péril de leurs deux enfants devenus adultes mais qui se trouvent eux aussi en perdition. Si bien que chacun des membres de cette famille tente de mettre au grand jour leurs blessures, leur besoin d’amour l’un envers l’autre, mari – femme, père – enfants, mère – enfants, mais petit à petit chacun se renferme sur lui-même avec ses propres blessures.
J’ai aimé l’écriture de David Vann qui travail toujours parfaitement les âmes difficiles et on ressent parfaitement cette tension immense tout au long de la lecture. Dès les premiers instants de lecture, on se doute que l’issue sera fatale mais on ne sait pas comment. Outre, ce travail parfait sur les âmes difficiles et mal menées, c’est aussi la grande place aux éléments de la nature que l’auteur accorde à ses livres, et qui apporte beaucoup à ses ouvrages. La puissance de la nature est toujours détaillée de façon remarquable.
L’écriture est puissante.
On ne sort pas indemne de cette lecture et c’est pour ça que je ne sais dire si j’ai aimé ou pas cette lecture. Bien sûr, si, je l’ai aimé. Mais le côté oppressant a justement été trop intense pour ma part au cours de la lecture. Je conseille juste de choisir votre moment de lecture si vous voulez découvrir cette histoire.
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