J'ouvre ce blog pour partager avec vous mes coups de coeur littéraires et musicaux. Le week-end se passera en musique et la semaine en compagnie des livres.
Auteur : Michèle BARRIERE
Editeur : Le Livre de Poche
Collection : Policier/Thriller
Policier Historique - Moyen-Age - Gastronomie - Paris
Pages : 344
Parution : Avril 2009
Paris, 6 janvier 1393. Messire Jehan est retrouvé la gorge tranchée dans des étuves mal famées de la rue Tirechappe. Constance n'a alors qu'une seule idée : venger son mari. Elle se fait embaucher comme cuisinière par Isabelle la Maquerelle - la patronne des étuves. Elle doit affronter l'irascible Guillaume, - cuisinier à la cour du roi -, qui arrondit ses fins de mois su service d'Isabelle. Leurs joutes culinaires deviennent vite l'attraction majeure du quartier de la Grande Boucherie. Malgré les embûches, Constance mène l'enquête et utilise ses talents culinaires pour obtenir des informations. C'est à Bruges, sur la piste des assassins de son mari, qu'elle rencontrera l'amour ! Mais pourra-t-elle échapper au piège mortel qui lui est tendu et confondre ses ennemis ?
Moyen-âge, Messire Jehan, homme tranquille et sans histoire d’une cinquantaine d’années fréquente depuis environ un mois les étuves de la belle Isabelle qui dirige d’une main de fer ses étuves. Rappelons rapidement ce qu’étaient les étuves au Moyen-âge. A cette époque, les citadins se rendaient aux bains, des cuves remplies d’eau chaude. L’hygiène commence alors à devenir un art de vivre. Mais rapidement, certains bains et étuves deviennent des étuves à bordel et s’y instaure une notion de plaisir dans ces bains. Au cuvier on s’y trouve à plusieurs, hommes, femmes, et on y sert à manger et à boire.
Aux étuves de la belle Isabelle, c’est ce qu'il s’y passe.
Dans l’un des cuveaux de bois, chez Isabelle, un homme est retrouvé mort la gorge tranchée. L’eau est rouge sang. Un chat roux est aux abords de la cuve. Marion, surnommée la Dentue à cause de ses dents de lapin et son peu de charme a découvert cet homme mort. En découvrant cet homme mort, Marion la Dentue alerte Isabelle en criant. Isabelle cherche à comprendre comment cette mort a pu se produire, et demande à Marion les préparatifs qu’elle a effectué avant de rejoindre cet homme. Marion pleure, pleure cet homme qui n’était pas comme les autres. Tout autre homme venait chez la belle Isabelle pour que les filles ouvrent leurs cuisses, mais cet homme là préférait parler de la vie et il demandait souvent Marion.
Isabelle fera vite disparaître le corps.
Cet homme était le mari de la jeune et belle Constance. Il y avait une différence d’âge entre elle et son mari. Lorsqu’elle apprend la mort de son époux, Constance est désemparée dans un premier temps. Elle apprend qu’il a en fait été retrouvé mort aux étuves de la belle Isabelle. Elle est en plein questionnement. Comment son mari, lui si fidèle, pouvait se rendre dans ce lieu dévergondé ?
Elle décide de mettre au jour cette mort suspecte. Elle est prête à tout, même à se faire embaucher comme cuisinière chez la maquerelle Isabelle. Elle décide donc d’utiliser un livre ancien de cuisine appartenant à son mari. Mais elle qui n’a jamais cuisiné auparavant, va prendre des cours avec sa dame de compagnie. Et Constance va se découvrir de réels talents de cuisinière.
Aux étuves de la belle Isabelle, Constance a peu de chance dans un premier temps de se faire embaucher par Isabelle car celle-ci a déjà un cuisinier aux étuves. Constance lui demande juste de goûter aux plats qu’elle va lui préparer. Isabelle la trouve jolie, et c'est dans un premier ça qui va la faire accepter. Constance fait fureur avec ses plats. Mais le cuisiner des étuves, Guillaume, ne voit pas la venue de la belle Constance d’un très bon œil par contre. Et ceci fait sourire la maquerelle Isabelle. Elle décide alors que son cuisinier et Constance se fassent concurrence, et ainsi leurs plats seront élus par les clients des étuves. C'est alors que tout ceci et le bouche à oreille aidant, amène des clients en plus chez la maquerelle Isabelle !!
Et Constance, elle, est très satisfaite d’arriver à ses fins et d’entrer aux étuves pour enquêter. Constance a l’œil partout sans pour autant se faire repérer. Elle doit s’exercer à la cuisine également pour ne pas que l’on découvre ce pourquoi elle est ici. Son seul problème aux étuves se nomme Guillaume, le cuisinier. Cuisiner qui est également cuisinier à la cour du Roi. Constance est pleine de courage pour affronter tout ceci.
Constance va peu à peu découvrir certaines choses. Son parcours sera semé d’embuches mais elle est prête à affronter celles-ci pour découvrir pourquoi son mari se trouvait aux étuves au moment de sa mort car elle est persuadée que cela cache quelque chose...cet homme si fidèle et sans histoire dans un lieu dépravé.
Grâce aux joutes culinaires qui l’affrontent à Guillaume, elle va obtenir des informations. Et sur sa route qui la mènera jusqu’à Bruges pour mener à bien les investigations qu'elle a mises en place, elle va, grâce à ses talents de cuisinière et d’enquêtrice mettre à jour un réseau de fausse monnaie. Et certainement, sur cette route de Bruges elle va y découvrir également l’amour. Saura-t-elle le fin mot sur la mort de son gentil époux ?
Oyez Oyez, si vous aimez le Moyen-âge, les bons p’tits plats et les enquêtes policières ceci est tout à fait adéquate !!
Je me suis régalée avec cette lecture et ce, dans tous les sens du terme. La lecture est très divertissante. Roman policier mais pas trop quand même. On a aussi, ici, un roman gastronomique et sans compter également un roman d’amour, entre les mains.
L’intrigue est originale, bien ficelée, dans une époque pas trop abordée encore pour les polars historiques. On connaît également l’auteur pour ses recettes de cuisine médiévales.
J’ai aimé cette époque du Moyen-âge, ses plats, ses us et coutumes et découvrir ce monde de la prostitution à l'époque.
Y intégrer une belle et jeune bourgeoise dans ce milieu dépravé est amusant aussi parfois. Elle en vient à se demander si son mari faisait les mêmes gestes qu’elle peut voir dorénavant dans son quotidien en tant que cuisinière dans l'étuve de la maquerelle isabelle. Elle qui ne soupçonnait pas du tout toutes ces pratiques. On aime ce personnage de Constance, jeune veuve qui compte bien venger son mari et l’auteur a su lui donner une certaine profondeur, de la détermination et du caractère.
On sent que Michèle Barrière est vraiment une historienne accomplie, on a franchement l’impression de vivre au cœur du Moyen-âge.
Au niveau culinaire, c’est une pure réussite. J’ai préféré ce roman au précédent Meurtres à la pomme d’or. Côté culinaire je le trouve plus accompli et côté intrigue plus intéressant. Revenons du côté culinaire. On y apprend énormément de choses sur les us et coutumes culinaires de l’époque et d’oû nous vient certains gestes actuels que l’on effectue dans notre cuisine.
Dans ce polar historique d’ailleurs, je trouve que le côté culinaire prend le dessus sur le côté polar. Mais bon, ça ne m’a pas déplu pour autant. C’est pour ça que je vous signalais qu’il s’agissait d’un policier historique sans être vraiment policier tout de même… N’oublions pas également une part de roman d’amour car notre belle Constance redécouvrira les joies de l’amour malgré la mort de son époux qu’elle aimait tant.
C’est donc un roman divertissant et qui met en appétit. J’ai passé un très bon moment. Pas envie de le lâcher. Le bonus de ce livre : des recettes médiévales comme toujours avec Michèle Barrière. Si vous voulez découvrir l’auteur, je vous conseille vraiment ce titre.
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Bonus :
Voici les noms des quelques recettes médiévales que l'on peut
retrouver à la fin de ce polar historique
après quelques conseils de l'auteur
pour bien débuter en cuisine médiévale :
Des potages : avec un potage jaunet ; ou encore un potage au lait d'amandes à base d'amandes, d'oignons, d'eau, de tranches de pain de mie et de beurre, toutes deux tirées du Ménagier de Paris. Le Ménagier de Paris était un manuscrit d'économie domestique et culinaire qui généralement était attribué à un bourgeois parisien afin qu'il écrive à l'intention de sa jeune épouse toutes les connaissances pour bien tenir sa maison et l'instruire sur des recettes de cuisine. Le Ménagier de Paris est considéré désormais comme étant le plus grand traité culinaire français de l'époque médiévale.
On retrouve également du Civet d'Huîtres tiré du Ménagier de Paris et composé d'huîtres, d'oignons, de tranches de pain de mie, de beurre, de vin blanc sec, de jus de citron, clou de girofle broyé, de cannelle, de cardamome égrenées, de filaments de safran, de poivre et de sel. On remarque donc que les épices étaient très utilisées.
Un plat nommé "Mamonia" (Mouton au miel) extrait du Liber de coquina, livre de cuisine écrit anonymement début XIVe siècle originaire d'Italie méridionale et le plus ancien livre de cuisine médiévale. Dans ce plat on retrouve de l'épaule d'agneau, du lait d'amandes, du miel, du jaune d'oeuf, du gingembre frais, de la cannelle en poudre, de l'huile et du sel.
Extrait du Viandier de Taillevent, ouvrage de référence de la cuisine médiévale et écrit par Guillaume Tirel dit Taillevent, premier queux et sergent d'armes de Charles V et premier écuyer de cuisine du roi Charles VI, un dessert nommé "La dariole". Composée d'une tarte brisée, de crème épaisse, d'oeufs entiers, d'amandes en poudre, de sucre.
Il y a encore bien d'autres recettes médiévales à la fin de ce polar historique mais je ne peux vous parler de tous...
J'ai remarqué que dans chaque recette citée dans ce livre, on retrouve beaucoup d'épices. Et d'ailleurs dans les conseils de l'auteur sur la préparation de plats médiévaux, les épices y sont nommées car les papilles médiévales adoraient ces saveurs exotiques telles la muscade ou la cannelle.
J'ai remarqué également que beaucoup de recettes étaient à base d'amandes, soit en lait d'amandes ou bien en poudre d'amandes.
Le potage était omniprésent et en une multitude de versions !!
Et par contre, il y avait très peu de légumes car on les accusait de tous les maux possibles car ils poussaient sous ou à ras de terre....