D'Isabelle DETHAN
Format : BD
Editeur : Delcourt
Collection : Encrages
Pages : 90
Parution : janvier 2004
Elle a des élastiques en guise de lacets, achète des fruits moisis, fait ses courses dans les ventes de charité... une pauvre dame, cette tante Henriette ? Pas du tout ! Issue de la haute bourgeoisie, elle a fait un mariage de raison qui la met à l'abri du besoin. Mais chez elle, l'avarice est plus qu'un défaut : c'est un art de vivre. Après les séries Mémoire de Sable et Le Roi Cyclope, où elle bâtissait des récits fondés sur des mondes imaginaires, Isabelle Dethan revient à la réalité : puisant dans ses souvenirs d'enfance, elle brosse le portrait affectueux et amusé d'une vieille dame excentrique qu'il est impossible d'oublier.
Nous sommes au cours des années 70, dans le Périgord, une petite fille fait la connaissance de sa grand-tante. Tante Henriette est, de par mariage, issue de la haute bourgeoisie et est largement à l’abri du besoin.
Mais lorsque la petite fille (que l’on présume être l’auteur elle-même puisque l’on sent une part d’autobiographie) fait la connaissance de cette grand-tante, elle ne paraît pas enchantée. Oui, cette grand-tante un peu repoussante, aisée comme il n’est pas possible, a gardé ses habitudes d’autrefois et utilise l’avarice comme un art de vivre. Cet art de vivre de l’avarice et de la petite économie perdure dans la famille puisque utilisé depuis de nombreuses années. La prévoyance et l’économie étaient déjà présentes lors de la guerre que Tante-Henriette a connu, si bien que voulant faire des économies en gardant les provisions de nourriture enfermées dans une armoire que chacun pourtant regardait avec délectation, les provisions, à force de ne pas vouloir s’en servir, on toutes péries dans l’armoire avant que quelqu’un est pu s’en délecter.
La petite fille a donc du mal à comprendre les intentions de Tante Henriette. Pourquoi, cette femme si riche, utilise-t-elle des élastiques sur ses chaussures ? Pourquoi ne va-t-elle pas chez le cordonnier ? Pourquoi utilise-t-elle une ceinture sur sa valise ? Elle se trouve un peu décontenancée aussi, lorsque Tante Henriette propose des chocolats coupés en deux afin qu’ils durent plus longtemps et soient plus nombreux. Tante Henriette offre toujours, aussi, des cadeaux provenant de ventes de charité, toujours d’occasion. Tante Henriette fait même honte à la famille, lorsque tous vont dans un restaurant classé chic, et qu’elle demande à ce qu’on lui emballe les restes.
C’est ainsi qu’au cours de cette BD, on découvre l’art de vivre de Tante Henriette, et ce qui a bien pu l’amener à devenir avare sur toute chose, malgré sa richesse. C’est cette petite fille devenue désormais adulte, qui se souvient de cette grand-tante de façon tout compte fait tendre.
Un portrait très amusant mais tendre aussi, sur ce personnage de Tante Henriette. Isabelle Dethan nous dresse le portrait de Tante Henriette et nous fait remonter le temps, pour mieux comprendre la vie de cette femme depuis sa jeunesse. L’auteur alterne donc les passages de la vie contemporaine de la narratrice, à des séquences du passé. C’est comme cela que nous visualiseront mieux le parcours de Tante Henriette, et sur le pourquoi de son avarice et de son obsession d’économie à longueur de temps. La jeune narratrice, par le biais d’anecdotes, nous retrace l’éducation de Tante Henriette, son mariage avec un homme riche, les temps de restriction pendant la guerre…. On remonte le temps, on passe d’une époque à une autre. On voit que la société se transforme au fil du temps. Toutes les scènes dans cette BD sont parlantes, les sachets de thé réutilisés, l’eau de vaisselle économisée… Tout ses petits détails sont tellement véridiques.
Mais cette Tante Henriette cache en dessous de son avarice, des traits de bonté toutefois. Elle peut dans certains cas même, être la seule à offrir de la chaleur à une jeune femme allemande qui entrera dans la famille, la future mère de l’auteur.
Et puis, il y a les illustrations de cette BD. Des planches en noir et blanc, un lavis. Les traits de visages sont particulièrement soignés. Des lumières bien travaillées. Des décors bien structurés, en adéquation à chaque époque abordée.
Un petit carnet de famille en somme. J’ai passé un agréable moment avec cette BD.