Auteur : Christophe Bourgois-Costantini
Format : Poche
Editeur : Le Masque
Collection : Le Masque Jaune
Pages : 276
Parution : avril 2009
Thel, un policier new-yorkais désabusé, est confronté à un crime étrange : un jeune homme a été retrouvé égorgé, le drapeau des États-Unis dessiné sur le front. Le FBI et la CIA, dans le contexte d'angoisse de l'après-11-Septembre, penchent très vite pour la thèse d'un complot islamiste et s'emparent de l'enquête. Quand une autre victime est retrouvée égorgée à Chicago, avec cette fois le drapeau britannique comme signature, Thel, obstiné, décide de poursuivre les recherches de son côté. Elles le conduiront à Nice, Los Angeles et San Francisco. Il ne tardera pas à comprendre qu'il n'est qu'un pion dans le projet machiavélique du meurtrier, qui l'oblige à faire resurgir du passé de douloureux souvenirs.
Le personnage : Thelonious, Thel pour les intimes, est un flic américain d'une cinquantaine d'années, en poste à New-York. Sa vie a été et est toujours bercée par le jazz ; avant de se coucher, bien souvent, il file dans des cafés boîtes de jazz. Et ce flic pas comme les autres, se rend chaque année au Festival de Jazz de Nice, avec son grand ami Jacques qui, lui, réside dans le sud de la France.
Jacques est quelqu’un qu’il a rencontré au début de sa carrière de flic, dans une boîte de jazz de Berkeley. Thel vivait à l’époque avec Deborah, sa première compagne. La musique, le jazz a réuni Thel et Jacques et depuis, même s’ils résident loin l’un de l’autre, ils communiquent très régulièrement ensemble.
Désormais Thel ne vit plus avec Deborah qui vit, elle, avec un homme engagé en politique.
Thel est un homme un peu blasé par la vie, depuis le meurtre de sa sœur et la perte tragique de son fils. En lui-même il cherche toujours, d’ailleurs, celui qui a tué sa sœur retrouvée morte de plusieurs coups de couteaux.
Pour Thelonious, commence une nouvelle enquête le jour du 4 juillet – l’Independance Day – la Fête nationale américaine, où à 4 heures du matin, il reçoit un appel de son jeune coéquipier Alex lui annonçant tel quel :
« Nous sommes les heureux gagnants du cadavre le plus trash de l’année. Angle Lexington et 57e. Egorgement. » « C’est vraiment moche à voir. Et notre cadavre a le Star & Stripes peint sur le front ! ».
Arrivé sur place, en effet, Thel découvre une scène vraiment macabre, avec un cadavre particulier puisque le meurtrier l’a égorgé et lui a dessiné sur le front, le drapeau américain parfaitement stylisé. On sent que le meurtrier s'est appliqué et qu'il a pris son temps.
Thel va parcourir la scène de crime et mettre tout ses sens en éveil comme il le fait à chaque fois, observant chaque détail. « Tout est histoire de précision et de mémoire ».
Thel, tout de suite, remarque quelque chose d’assez étrange. Le cadavre est placé à un angle de rue qui se trouve être sur la juridiction dont il fait partie, mais le meurtre n’a pas été perpétré ici même puisque l'on n'y trouve aucune trace de sang aux abords du cadavre.
Par contre, en explorant les alentours comme il le fait à chaque fois, non loin de la scène de crime, dans un endroit sombre, Thel et ses coéquipiers découvrent une flaque de sang et les traces d’une traînée de sang sur le sol. Le périmètre de la scène de crime sera donc élargi.
La question maintenant à résoudre pour Thel : Pourquoi, le meurtrier a-t-il donc bougé d’un lieu sombre le corps pour venir le déposer à cheval sur ce trottoir ?
Le FBI bientôt va vouloir se charger de cette enquête. Oui, pour eux, le fait que le cadavre est le drapeau américain dessiné sur son front serait un possible mouvement terroriste islamiste. (L’enquête se déroule après les évènements du 11 septembre). Seul Thel ne croît pas à cette hypothèse mais ses supérieurs n’en ont que faire de ses suppositions, ils vont lui retirer l’affaire pour la confier au FBI.
Thel n’en restera pas là, surtout qu’un deuxième cadavre sera retrouvé à Chicago avec cette fois, le drapeau anglais dessiné sur son front.
Thel va s’acharner sur cette enquête, encore plus lorsqu’il va comprendre que le meurtrier met en place un jeu de piste qui tourne directement autour de lui, il est directement concerné.
Pourquoi ? That is the question…
Un premier roman que l'on a pas envie de lâcher !! Un auteur français, Costantini, saxophoniste et passionné de jazz aussi, nous offre là un premier roman qui me fait tout de suite penser au style des standards du polar noir américain. Il y a tout dans ce roman, un début classique légèrement lent avec la découverte d'un cadavre, une petite particularité tout de même : le dessin du drapeau américain sur le front du cadavre qui fait penser à un mouvement terroriste. Puis tout va crescendo, le scénario qui démarre lentement passe à une vitesse supérieure, l'histoire est de plus en plus palpitante jusqu’à un suspens total s’achevant sur un rebondissement qui est primordial à l'histoire mais aussi tellement inattendu. Un dénouement vraiment bien travaillé!! Tout ça, l’auteur nous l’offre sur une bande sonore de jazz des plus plaisante. On sent comme une petite touche américaine. J’imagine très bien ce scénario en film et adorerait le voir !! Le style de l’auteur nous fait partager à souhait une très chouette ambiance, cela ressort vraiment bien, il y a d'ailleurs une très bonne description de cette ambiance mais aussi des lieux. Ce qui n'est pas pour déplaire au lecteur. Le personnage de Thelonious a déjà derrière lui une bonne partie de sa carrière. Petite remarque, l’auteur donne le prénom de Thelonious à son personnage, petite touche personnel de la part de l'auteur pour montrer combien il aime le jazz, puisqu'il s'agit du prénom d'un célèbre pianiste de jazz, Thélonius Monk. L'auteur nous offre un personnage un peu désabusé, frappé par la mort de sa sœur qui a été tuée à coups de couteaux. Toujours en quête du meurtrier, il passerait sa vie à la recherche de celui-ci. Désabusé aussi après la mort tragique de son fils. On sent que son passé est noir. Thél, est un flic qui connaît bien son métier, et il a une certaine expérience sur les scènes de crime. Son atout : l'observation des lieux des crimes. On se prend d’attache pour ce personnage du début à la fin. En somme, un premier roman dans la pure tradition du polar noir américain qui est des plus plaisants à lire et écrit par un auteur français, chef d’entreprise et saxophoniste de jazz également. Un style mêlant intrigue et fond musical jazz. Un premier roman qui, il faut le souligner, a reçu le prix du premier roman du Festival de Beaune. Et, je lirai bien volontiers le roman A pas comptés du même auteur avec également le personnage de Thelonious, sorti cette année. |